Il y a quelques mois, j’écrivais un article : https://gnalogie.wordpress.com/2015/10/11/toi-la-tueuse/
Cette femme, totalement inconnue de moi, il y a encore deux, trois jours, m’a fait découvrir un pan de sa vie …
- » Le 5 mars 1849, Vannes (56), je me meurs seule … au lendemain d’une vie sombre de par mes choix, bons ou mauvais, je ne saurais le dire avec certitude, mais l’amour m’a guidé, je l’ai tellement aimé Mon Julien … Je l’aime encore …
- Ma vie se redessine devant mes yeux, je me nomme Jacquine ( Louise ), née le 15 avril 1800 à Dehault (72), ma mère Anne Catherine DAGOREAU était originaire de Saint-Aignan, mère douce et aimante au foyer, mon père Louis MENANT, lui, était natif de Dehault, cultivateur.
- Mon enfance fût semblable à celle de millions de petites filles, je jouais alors avec insouciance de l’avenir, j’allais à l’école, aidais maman à la maison, un peu aux champs … grandissais sagement.L’année de mes vingt cinq ans, je découvre pour la première fois l’amour sous les traits de Jean-Guillaume LOINARD, un jeune homme de vingt ans, natif de Mézières-sous-Ballon (72), dont les parents sont aussi de cette ville.
- Nous nous marions le 12 octobre 1825 à Mézières-sous-Ballon, un beau mariage, heureux, avec les deux familles
Bientôt la joie d’être maman s’annonce pour moi, mon bonheur est total, serein … en ce temps là … je ne savais pas encore mon avenir …
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Ma petite Rose-Emilie née le 23 mars 1826 à Mézières-sous-Ballon
La vie s’écoule paisible, comme un long fleuve tranquille … Rose-Emilie s’épanouit comme une belle fleur, elle deviendra une belle demoiselle qui captivera bien des coeurs d’hommes. Elle fera deux mariages ( dont la narratrice vous contera les histoires )
Hélas, je n’en aurai que des échos au fin fond de ma cellule, car suis seule, sans visite , de par ma folie amoureuse 😦
Mon avenir commence à s’assombrir, mais je n’y prête pas encore attention, je ne vois pas les sombres dessins d’un avenir chaotique qui se dresse devant moi ….
L’an 1828, je suis à nouveau enceinte, pour mon plus grand bonheur, quoique un peu terni par l’absence de Jean-Guillaume, parti travailler au loin, mais il faut bien nourrir la maisonnée … j’espère qu’il sera présent à mes côtés pour la naissance … je ne veux pas être une femme seule, solitaire, dont le mari est toujours par monts et vaux, je veux une présence à mes côtés, de la tendresse, de l’amour …
Hélas ! mille fois hélas 😦
Je donne naissance seule à ma douce Honorine le 17 avril 1828 à Mézières, cela fait plus de neuf mois au moins que je n’ai plus de nouvelle de mon mari … j’ai peur d’un grand malheur, en mon for intérieur je tremble …
Deux ans passent, Rose-Emilie et Honorine grandissent, elle sont ma joie de vivre …
Quand survient cet horrible courrier ! pour moi et la famille Loinard !
Jean-Guillaume est mort 😥
* Ici l’auteure du blog aura certainement des histoires à vous raconter sur feu mon mari, car son acte de décès est assez troublant … pour le moment je sais qu’elle fait encore des recherches dessus … *
Me voilà toute seule, avec deux enfants à nourrir, le coeur déchiré il me faut me résoudre à les laisser dans la famille et à m’éloigner loin d’elles pour trouver de quoi les faire vivre décemment … Je pars donc me louer aux champs ou en domestique dans les villes voisines et c’est ainsi que j’arrive à Poncé-sur-le-Loir ( 72) …
L’an 1841, je suis domestique dans une ferme et c’est ainsi que mon chemin croise celui de Julien … un homme déjà marié, mais qui est plein d’attention envers moi … je ne suis point indifférente à ses charmes et ne peux rester longtemps de bois … même si cela est mal, si c’est péché aux yeux du seigneur …
J’AIME à nouveau, je REVIS enfin !
Notre histoire devient ardente, le savoir époux de l’Autre m’insupporte. Lui ne rêve que de partir, me fait mille promesses, me jure son amour sincère, unique, m’offre des cadeaux … je le crois, boit ses paroles, avide de tendresse et d’espoir .
Mais, un autre enfant naît de son union le 6 février 1841, le petit Léon René … que croire, que penser …
Un projet funeste se dessine peu à peu … Julien me presse, me bouscule, me tente …
Envoûtée et subjuguée, je ne lui résiste plus lorsqu’il me fournit l’acide sulfurique et me demande de tuer Léon René, moins de douze jours après sa venue au monde.
L’horrible acte est fait !!
L’enfant meurt, je n’éprouve pas de remords, j’aime Julien si fort que tout le reste s’efface à mes yeux … mes enfants, le chagrin de sa femme, mon geste honteux, ignoble … Suis-je un horrible monstre ? cette question hante mes derniers jours …
Mais, la justice veille et nous rattrape dans notre fuite, arrêtés, jugés, nous sommes honnis par tous, bannis de nos familles. Mon monde s’écroule lors du procès, Julien m’accuse de tout, dit que je suis la seule responsable de ce malheur !
J’essaie de crier mon désespoir, mon innocence, j’explique que c’est lui qui m’a fourni poison et mode d’emploi, que je n’ai agi que par amour envers lui …
Rien n’y fait 😦
Il sera envoyé au bagne https://gnalogie.wordpress.com/2015/10/17/histoire-dun-bebe/ Je n’aurai plus jamais de nouvelles de lui, j’ignore tout de son devenir.
Je serais condamnée au mois de juin 1841 à la prison à vie, peine que j’effectuerai à Vannes (56) … huit longues années solitaires vont alors s’écouler, mes filles grandiront sans moi. Le 5 mars 1849, je suis à la veille de ma mort, ma vie passée est finie, je ne regrette pas mon amour pour Julien, mais je me dis qu’il y aurait peut-être eu une autre solution.
Je meurs seule …
Il y a matière à en faire un bon roman, quelle histoire!
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Merci Elasser Wurtzle 🙂 oui, cela pourrait faire un roman 🙂
J’attends des nouvelles de l’acte de décès de Jean-Guillaume LOINARD, qui risque de réserver des surprises aussi 😉
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Pourquoi avoir choisi l’acide sulfurique pour tuer un bébé, solution cruelle s’il en est, et qui plus est, fort peu pratique ? Ceci étant ce récit est aussi bien fait que pathétique.
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Merci Jean-Michel 🙂
Pour ce qui est de l’acide sulfurique, je ne sais pas, c’est ce poison noté dans le jugement, j’ai trouvé horrible aussi .
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Cette histoire est terrible mais tellement bien racontée… Hâte de lire les surprises de l’acte de décès de Jean-Guillaume… et les articles suivants !
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Merci beaucoup 🙂
Hâte aussi de bientôt les écrire 🙂
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C’est triste comme histoire ! Elle aurait pu faire le bon choix d’épargner la vie de l’enfant, maintenant, elle a tout perdu. Existe-t-il un acte prouvant la naissance du dernier enfant ?
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Bonjour Isabelle 🙂 ,
Oui les gens font souvent des choix » étranges » parfois, on ne comprend pas toujours les motivations …
De quel enfant ? le petit Léon René ? … oui, il est né le 6.2.1841 à Poncé sur le Loir (72) famille LECLERC / LEON
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Bonjour,
Savez-vous que la prison de Vannes qui accueillit votre tueuse est toujours debout? Pour qq temps encore du moins car elle sera sans doute rapidement demolie pour construire un bâtiment moderne (ce qui serait mieux pour les détenus)…
Le bâtiment d’origine a subit un incendie, mais dans l’ensemble je pense qu’il reste « l’ambiance » d’époque.
http://forum-prison.forumactif.com/t408-etablissement-penitentiaire-maison-d-arret-vannes
https://criminocorpus.hypotheses.org/7284
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Bonjour Emma 🙂 Merci pour ce renseignement et les liens, c’est très gentil 🙂
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